
L'assemblée générale de l'Adecec s'est tenue le 30 janvier 2010
Discours du président
Il y a 15 ans, un ami cher à qui je contais les difficultés permanentes qui se posent pour faire tourner la machine ADECEC m'a dit : « Je m'étonne de cette situation, je pensais que l'ADECEC avait atteint un rythme de croisière et qu'il ne se posait plus de problème d'aucune sorte quant au fonctionnement».
Depuis ce jour, je lutte de toutes mes forces pour ne pas arriver à cette situation, pour ne pas ronronner et tomber dans un train-train confortable, dans une gestion qui consisterait à en faire le moins possible pour que ne se posent pas de problèmes nouveaux.
Je pense que dans cet exercice inverse de l'autosatisfaction, j'y arrive bien. Saint Augustin ne disait-il pas : « Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d'un pas ferme ».
Je vais passer du Je au nous pour préciser que l'on ne peut rien faire de positif si les idées et les motivations ne sont pas partagées. Ainsi à l'ADECEC nous savons aller de l'avant en étant, avant-gardistes dans l'appréhension des nouvelles technologies mais aussi en d'autres instants, en symbiose, être garants de notre culture par des prises de positions et des applications pratiques qui en témoignent.
Je pense que nous avons su nous inspirer, nous enrichir de la réflexion des autres, nous avons su écouter pour mieux proposer et pour que l'ADECEC, dans l'écrin d'une intellectualité avouée garde ses racines vraies et son franc parler dans sa stratégie et sa tactique.
Il ne s'agit pas non plus ce soir de philosopher en vain, mais d'essayer d'en arriver aux tracasseries de notre temps et je voudrais une adhésion sans faille pour que l'on sorte du ghetto. Vous avez sans doute remarqué le petit mot sans prétention qui s'étale sur le calendrier 2010. Il reflète sans ambiguité ce que l'on a dit il y a un an : Faire de la langue corse un outil de promotion sociale.
La sociolinguistique tant décriée à une époque en est l'artisan majeur, la traduction scientifique de l'évolution de cet aspect de la langue. Il faut à présent faire en sorte que sans bousculer les préceptes, mais avec ténacité et rigueur nous en arrivions à l'application, sans heurter, mais avec constance et fermeté.
« A lingua di u pane, au moins à penucula, o apenuccia ».
Un instituteur avait donné comme devoir du soir à un élève il n'y a guère longtemps : « Qu'est ce qui a fait que la langue française s'est imposée en Corse » ? Les réponses sont multiples et nous les connaissons. Nous les savons tellement que l'on mesure que la méthode ne peut être inversée. On ne peut appliquer à la langue corse ce qui a fait le bonheur de la langue française. La démarche doit être toute autre, et pour ne pas se dédire, plus libre, plus ouverte. « Sans règle de bois et doigts joints ».
Je vous propose donc une journée sur ce thème, ou deux journées débats, sachant que l'on n’apportera pas de réponse, mais une réflexion qui contribuera au débat ou du moins qui le posera de façon directe. « La perfection est un chemin , non une fin », dit un proverbe coréen.
La production littéraire en langue corse est remarquable, la poésie l'est tout autant, la discographie est abondante. On a essaimé bien au delà de l'île, avec confusion c'est vrai, mais avec une grande qualité, et pour ne pas citer de nom, on va dire que souvent des chanteurs de la périphérie, sans charisme affiché, ni prononcé, arrivent à faire passer le message dans une discrétion mesurée. Arrivent à surprendre agréablement.
Il ne s'agit pas à l'évidence du message politique, mais de l'axiome Lingua corsa, Lingua viva qui résiste au temps et aux agressions.
Il ne s'agit pas de gagner quoi que ce soit, car gagner engendre un perdant, mais de persévérer en affirmant la légitimité de notre démarche.
«Tout compromis repose sur des concessions mutuelles, mais il ne saurait y avoir de concessions mutuelles lorsqu'il s'agit de principes fondamentaux.» Ainsi parlait l'épicier de la Nation Indienne.
Remerciements
C'est le temps du générique avec nos remerciements à Paul Giacobbi pour son indéfectible soutien, nos remerciements sont plus mitigés à l'égard de la CTC et ses représentants qui nous versent royalement entre 8000 et 10 000 euros de fonctionnement pour l'année. Sans commentaire. Un grand merci à Marc Antoine Nicolai, membre du CA, qui continue les bons choix de son père envers l'ADECEC, au FSER (Fond de Soutien à l’Expression Radiophonique) à la CCCV, à François Tiberi, à la mairie de San Nicolao. Sans oublier les bénévoles dont l’implication nous est précieuse, notamment dans la gestion du programme de visite du musée.