Il est des thèmes qui passionneront toujours les Corses. L'histoire des "Giovannali" en fait partie. Ces "ghjuvannali" qui étaient à l'honneur dernièrement à Cervioni où nombreuses personnes s'étaient rassemblées pour suivre la conférence de Guy Pacini sur le sujet, à l'invitation de l'Adecec. Une mise à jour en quelque sorte pour l'Adecec qui a édité en 1996 (dans sa troisième édition) une biographie et une conférence d'Alexandre Grassi en 1866, étayée de notes d'Antoine-Dominque Monti, sur le thème "Les cathares corses". Ouvrage toujours disponible d'ailleurs au siège de l'association à Cervioni. Geniu Gherardi en ouverture le rappelait à l'assistance nombreuse, avant de céder la parole au conférencier, doctorant en histoire, qui après avoir retracé les péripéties de cette organisation née au XIVème siècle dans le diocèse d'Aleria, a tenu dans un premier temps à resituer en les contextualisant la naissance et le développement de ce groupement issu du tiers ordre franciscain. Refusant l'imaginaire facile et l'idéologie, les partis pris et les a priori, s'appuyant sur une documentation pertinente faisant la part belle aux apports les plus nouveaux de la recherche – ainsi les emprunts à la thèse de la présence sur Carbini de Saint Cyr et Jean, médecins anargyres – rejetant les dénominations imposées et les faux qualificatifs, Guy Pacini a notamment montré que A Ghjuvannara, qui synthétise les pratiques nocturnes innommables de ce mouvement, n'est que la reprise d'un vocable d'origine antique, emprunté et déformé d'une maladie bien connue hors de l'île, dénommée le mal saint Jean et porche de chez nous "u malcadutu".
Faisant la démonstration que nommer faisait sens, l'intervenant du jour devait revenir sur le qualificatif de cathares dont sont affublés à tort ou à raison par bon nombre d'auteurs les Giovannali pour reprendre en une forme énigmatique la fameuse locution qui veut qu'en Corse il n'y eu ni schisme ni hérésie.
Autant de moments où planait – par la participation d'un auditoire enthousiaste - l'esprit de l'histoire, et qui ont permis de dépasser largement la simple question de l'existence d'une hérésie en Corse. Guy Pacini érigeant les Giovannali en un paradigme des temps modernes attestant du changement global de la société corse au XIVème siècle et rappelant, comme un véritable clin d'œil à l'histoire, que l'évêque du diocèse d'Aleria devait en 1469 inventer le terme même de Moyen-âge.
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